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Il est intéressant de se plonger dans un article récent du sociologue américain William Julius Wilson, article inspiré de son ouvrage « The Bridge Over the Racial Divide » et traduit en français par Niels Planel. J’ai eu l’occasion d’avoir un long échange avec William Julius Wilson aux États-Unis, il m’avait invité à intervenir à l’Université d’Harvard pour présenter l'expérimentation "territoires zéro chômeur de longue durée". Il a depuis longtemps travaillé sur la transformation des ghettos noirs aux États-Unis.

La question que pose cet article est celle qui est posée aux démocraties aujourd’hui, et plus particulièrement aux progressistes. Peut-on concilier la question sociale et les questions sociétales dans un mouvement cohérent sans se fracturer dans des "guerres culturelles" ?



Il devient aujourd'hui difficile de concilier des politiques qui visent à plus de justice économique et des politiques qui construisent une société inclusive prenant en compte les groupes sociaux, les différences de parcours et de situations.

Pourtant, dans un monde complexe, agir pour plus de justice impose des différenciations liées aux parcours, aux territoires.



Tout semble vouloir opposer une partie de la population qui est déclassée à des minorités qui seraient responsables de ce déclassement. Les bouc émissaires sont désignés. La tendance est aujourd’hui au repli sur soi, à la limitation du libre-échange, aux questions identitaires à l’image des polémiques soulevées par le mur de Donald Trump ou encore des déclarations récentes de la nouvelle majorité politique en Italie.

Ce sont aujourd’hui les classes populaires, et les classes moyennes en situation de déclassement, qui sont en recherche d’alternatives politiques, voire de radicalités face aux injustices vécues.

Les progressistes n’ont pas réussi à inverser les tendances, ni en Europe, ni aux États-Unis. Les discours complexes, d’experts, ont cédé face à celui des angoisses, des peurs et des passions. Or il est urgent de répondre à la majorité sociale sur la question sociale tout en répondant aux défis sociétaux.

Il s'agit d'agir pour prendre en compte les travailleurs pauvres, le pouvoir d’achat, la sécurité de l’emploi, les frais médicaux et le coût du logement, l'accès à des solutions abordables de garde d’enfants, l’incertitude qui pèse sur les retraites.



Ce qui est commun aux différents groupes parmi la population, c’est bien « la détresse économique causée par des forces hors de leur contrôle ».

Il est nécessaire de développer de nouvelles forces attractives reposant sur les liens, le sentiment d’interdépendance, les coopérations mutuelles, pour faire reculer les préjugés. Non pas en mettant des pansements sur les plaies béantes créées par des systèmes injustes mais en partant des besoins des personnes, en mobilisant les solutions dans les territoires, en créant de nouveaux collectifs qui portent de nouveaux imaginaires puissants.



Il ne s'agit pas de proposer des projets, mais bien de dessiner un trajet, des utopies possibles, un chemin souhaitable pour la majorité sociale.

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