"Pourquoi la démocratie en panne ? ", c'est le titre du livre de Gérard MENDEL, sous-titré "Construire la démocratie participative", paru aux éditions La Découverte en septembre 2003.
Si la disparition de Gérard MENDEL, le 14 octobre 2004, est passée presque inaperçue dans les médias, il n'en était pas moins un sociologue et un psychanalyste "franc-tireur" qui était en avance sur son époque. En effet, Gérard MENDEL a analysé les raisons de notre "panne démocratique", en sortant des sentiers battus, et proposer des solutions novatrices à travers notamment la démocratie participative.
Dans son livre, Gérard MENDEL soulignait que ce n'était pas la démocratie qui était en crise mais bien la politique.
En effet, les sondages montrent une forte défiance vis à vis du politique et une perte de confiance dans sa capacité à améliorer les conditions d'existence des citoyens. Pour autant, les citoyens ont-ils perdu la volonté de "changer la vie", sommes nous entrés dans l'ère de la fatalité permanente ? non, pour preuve, ils s'investissent de plus en plus dans des associations, dans des collectifs ou dans des groupes de pression.
Par ailleurs, les résultats aux élections nationales font apparaître une forte abstention et une sanction systématique des gouvernements sortants. Pour autant, les citoyens sont-ils associés aux réformes et donc se sentent-ils écoutés ? non, il suffit de se rafraîchir la mémoire avec les derniers mouvement sociaux.
Quelle est la réponse du politique face à ce constat ?
Souvent, cette réponse se limite à la question institutionnelle. Gérard MENDEL écrivait d'ailleurs à ce sujet "Les dirigeants politiques ne voient de solution qu'à leur niveau de responsabilité : réforme constitutionnelle, passage à la VIème République, primaires à l'américaine où les sympathisants des grands partis choisiraient leur candidat à la présidentielle ... Vivant en endogamie, soumis à une concurrence effrénée à la fois électorale et à l'intérieur de leurs organisations, victimes d'une quotidienne course contre la montre qui les coupe de la vie ordinaire et de la culture, ils manifestent une incapacité de percevoir d'autres solutions à la crise politique que celles qui passent par eux."
Le constat est dur. Mais la solution ne passera pas, effectivement, que par le politique car des formes nouvelles de démocratie se sont organisées sans lui et j'aurai l'occasion d'y revenir plus longuement en m'appuyant notamment sur le dernier livre de Pierre ROSANVALLON, "La contre-Démocratie", sous-titré "La politique à l'âge de la défiance", aux Editions du Seuil, paru en septembre 2006.
Si le parti socialiste a fait un grand pas en ouvrant grandes "ses portes et ses fenêtres" à travers sa dernière campagne d'adhésion, les réticences ont été très fortes même de la part de certains qui se disent rénovateurs.
Au niveau des institutions, le problème se posera de la même façon face à des forces conservatrices de droite, qui au-delà des discours de rupture, souhaitent tout faire pour conserver le pouvoir.
Si nous voulons redonner le pouvoir aux français, il faudra nécessairement réaliser une révolution démocratique qui passe par le développement de la démocratie participative notamment. Mais elle fait débat et fera encore débat comme en témoigne les réactions très vives de nombreux conservateurs face à la proposition de Ségolène ROYAL de mettre en place des "jurys citoyens". Ces jurys citoyens participeraient tout simplement à l'évaluation des politiques publiques. Il ne s'agit pas de tribunaux populaires ou de revenir à l'époque de la Terreur mais bien de permettre aux citoyens de pouvoir participer aux choix pour l'avenir.
Gérard MENDEL avec saisi les enjeux pour notre démocratie participative. Son oeuvre a participé, à n'en point douter, à éveiller les consciences.