Depuis plusieurs jours, les taxis sont très mobilisés dans plusieurs villes de France pour exprimer leur colère en raison des mesures prises sur le transport sanitaire. Il n'y a pas eu un tel mouvement depuis près d'une décennie. S'il est nécessaire de maîtriser les budgets dans un contexte de crise budgétaire, les taxis ont exprimé cette colère pour plusieurs raisons :
- les taxis exercent une mission de service public dans tous les territoires (urbain, périurbains, ruraux) - c'est le seul moyen de transport disponible partout dans un contexte de désertification médicale. Les expressions qui stigmatisent les chauffeurs sont vécues comme du mépris vis à vis de leur métier et du service qu'ils apportent. Trop souvent, les responsables politiques décrivent le modèle du taxi comme un modèle ancien alors qu'il a toujours évolué avec les transformations de la société.
- les différentes dispositions législatives qui ont pu redonner à l'Etat les moyens de garantir une concurrence équitable entre Taxis et VTC ne sont pas toujours appliquées dans l'exhaustivité, ce qui est vécu comme une injustice. Les chauffeurs demandent finalement le respect de l'Etat de droit.
- avec les JO, des milliers de VTC sont arrivés sur le marché en plus de ceux existant ce qui a déséquilibré un modèle fragile dans le contexte économique actuel qui est tendu.
Suite à mon rôle de médiateur en 2016, j'ai été contacté par le Premier Ministre, François Bayrou, samedi dernier pour un échange. J'ai tout d'abord préconisé qu'il est n'est pas nécessaire de faire appel à nouveau à un médiateur car nous ne sommes pas dans le même contexte. En 2016, c'est le contournement de la loi Loti qui a créé les conditions d'un conflit. Cette fois-ci c'est une mesure d'ordre public sur laquelle le Gouvernement a la main. C'est donc beaucoup plus simple car là où il y a une volonté politique, il y a un chemin. Je n'ai jamais eu d'échanges auparavant avec le Premier Ministre, j'ai trouvé qu'il est à l'écoute et soucieux de résoudre cette situation tant pour les taxis que pour les finances publiques. Il y a donc des solutions possibles.
Pour résoudre le conflit, il y a à mon sens, et j'ai eu l'occasion de le partager, deux actions à mener :
- Suspendre la réforme et créer les conditions d'une réforme qui conduise à des économies pour une gestion saine et rigoureuse, mais qui garantisse aussi la mission de service public dans tout le territoire avec humanité pour les personnes qui ont besoin de soins,
- Renforcer les contrôles et faire évoluer la législation en lien avec les nouvelles pratiques de concurrence déloyale subies par les chauffeurs. Cela pourrait passer par une régulation par les métropoles comme le fait la TCL à New-York depuis plus d'une décennie.
J'appelle bien entendu chacun au dialogue et à la sortie de crise par l'action. Cela prendra nécessairement du temps. Je souhaite une sortie de crise positive.