Je me suis rendu récemment au musée de la paix de Guernica (Gernika-Lumo). Ce musée a pour objectif de définir et de promouvoir la paix qui est indissociable de l'idée de réconciliation entre les peuples, de partager l'héritage que nous a laissé le bombardement de Guernica et de faire le point sur l'actualité de la paix dans le monde.
"Le chêne de Guernica"
Guernica est un symbole universel. Il faut rappeler que le 26 avril 1937, à 16h30, la légion Condor (flotte aérienne allemande au service des troupes franquistes), qui fut formée spécifiquement à la guerre civile espagnole, lâcha pendant trois heures 1.300 kilos de bombes à fragmentation et des bombes incendiaires pendant que des avions de chasse italiens mitraillaient les civils qui essayaient de fuir ou qui tentaient d'éteindre les incendies. Ce drame fut le point de départ de la destruction du front républicain qui s'opposait au général Franco et le début de la "guerre totale".
La presse et la culture ont joué un grand rôle essentiel pour rétablir la vérité dans le monde. Il faut notamment souligner l'action du journaliste britannique George L. Steer qui publia dans le Times le 29 avril 1937 : «Gernika, la plus ancienne ville des Basques et le centre de leurs traditions culturelles a complètement été détruite hier après-midi au cours d’un raid aérien des rebelles». Il fut repris par "la une" des journaux du monde entier. Il fut le premier à annoncer la nouvelle au monde. La presse démocratique dénonça ainsi au monde la barbarie fasciste.
Sur le plan culturel, Pablo Picasso a peint la violence et la brutalité du massacre avec son oeuvre "Guernica", qu'il acheva mi-juin 1937 après l'avoir commencé le 1er mai. Militant pacifiste convaincu, il dénonça ainsi le drame de la guerre civile à travers la destruction de Guernica qui révèle la barbarie. Sa toile fut présentée le 12 juillet à l'exposition internationale des arts et techniques de Paris. En 1985, une tapisserie reproduisant l'oeuvre fut donnée au siège de l'O.N.U à New York pour figurer sur le mur d'entrée du conseil de sécurité comme symbole de la mission de l'O.N.U résolue à préserver les générations futures du fléau de la guerre. L'oeuvre de Pablo Picasso est aujourd'hui exposée à la galerie Reina Sofia à Madrid.
Lors de ma visite, j'ai pu également découvrir l'exposition temporaire sur la maternité d'Elne produit par le gouvernement de Catalogne et le Mémorial Démocratic. Cette exposition présente l'histoire et le travail d'Elisabeth Eidenbenz, institutrice suisse qui, entre 1939 et 1944, a sauvé la vie de 597 garçons et filles, enfants exilés espagnols qui survivaient dans des conditions lamentables dans les camps de réfugiés républicains de Saint Cyprien, d'Argelès, de Rivesaltes et de Barcarès en France. Il y a encore beaucoup de travail en la matière concernant le devoir de mémoire et pour permettre aux générations futures de tirer les leçons du passé.
Au-delà du devoir de mémoire qu'il exerce, le musée de la paix de Guernica nous rappelle que la paix est toujours fragile et qu'elle ne peut s'établir durablement sans la réconciliation entre les peuples.
La Journée internationale de la paix est observée chaque année le 21 septembre. C'est un appel international au cessez-le-feu et à la non-violence. En 2010, le Secrétaire général Ban Ki-moon, en appellait aux jeunes du monde entier afin qu’ils prennent position pour la paix, sous le thème : « Jeunesse pour la paix et le développement ». Espérons que cette année, cette journée pourra être celle de la mobilisation internationale pour une paix durable.