Dans mes derniers articles, j’ai fait référence à Louis CHAUVEL, sociologue et auteur de « Les classes moyennes à la dérive » (Seuil, 2006). Ce dernier colle particulièrement à l’actualité avec son livre.
En effet, le débat sur la définition des classes sociales revient au devant de la scène politique et médiatique après avoir été longtemps jeté aux oubliettes avec le développement de la prophétie libérale sur « la fin des idéologies ». Nous serions tous dans les classes moyennes, il n’y aurait plus aucune fracture, ni aucune opposition sociale. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Louis CHAUVEL a répondu aux questions de l’observatoire des inégalités (http://www.inegalites.fr/spip.php?article620&id_mot=28). Ainsi, il a pu préciser sa position relative à la définition des classes moyennes. Il fait notamment référence aux classes moyennes supérieures qui n’excluent que les très hauts revenus, les 3% les plus riches. C’est donc une définition extensive.
Il y a eu un mythe de « la classe moyenne » dans les années 1970 mais toutes les analyses montrent qu’en fait il existe bien « des classes moyennes », c’est une notion « polythétique ». Pour Louis CHAUVEL, il est difficile de définir des frontières entre les différentes classes moyennes (inférieures, intermédiaires, supérieures) mais on peut définir des « noyaux typiques » (à travers les revenus, les ressources culturelles, les ressources économiques, … etc).
La thèse de Louis CHAUVEL vise à montrer que « la classe moyenne » est en train d’éclater. On pourrait prendre l’image d’un sablier où les strates inférieures de la classe moyenne sont en difficultés croissantes et peuvent s’assimiler aux strates supérieures des classes populaires, et où les strates supérieures de la classe moyenne « tentent de faire sécession » pour rejoindre les classes supérieures tout court. C’est ce que Jean François Copé, Ministre délégué au budget, est incapable d’observer.
Dans « l’état des inégalités en France 2007 », publié par l’observatoires des inégalités, le critère retenu pour l’appartenance aux classes moyennes est le salaire net mensuel dans une fourchette comprise entre 1200 et 1840 euros pour des temps complets. On est donc loin des 4000 euros nets mensuels.
Ce qui est important dans ce débat, ce n’est pas tant de connaître exactement le critère économique d’appartenance à une classe sociale car on voit bien que les définitions sont multiples. L’important c’est d’observer les mouvements en cours dans notre société, et notamment le « mouvement de sablier » qui est très bien exprimé par Ségolène ROYAL avec l’expression « tirer vers le bas ».
Cela montre que les ministres UMP s’intéressent peu à l’évolution de la société et aux questions sociales.
Le véritable enjeu est bien de commencer par « assurer les conditions d’existence » pour ceux qui sont aujourd’hui les premières victimes de la crise sociale, c'est-à-dire les classes populaires et tous ceux qui, par déclassements successifs, les ont rejoint.