Au fort de Ham, là où il est alors emprisonné, Louis-Napoléon Bonaparte approfondit la question sociale à travers les particularités locales dont la question du sucre (débat sur la taxation du sucre importé des colonies pour protéger le sucre des betteraviers de Douai et Valenciennes).
Face à la misère de l’industrie naissante, il écrit alors « extinction du paupérisme » en mai 1844. S’il se procure les livres d’Adam Smith ou de Jean-Baptiste Say, dans cette perspective il lit aussi Louis Blanc (qui lui renda visite au fort de Ham).
Il vise à éteindre la pauvreté par le travail, dans des fermes coordonnées par des prud’hommes dans les territoires ruraux abandonnés, gérées par des associations ouvrières qui affermeraient la terre avant d’en devenir propriétaires par rachat (« colonies agricoles »). C’était déjà une forme de garantie d’emploi avec un avis obligatoire du conseil général pour approuver les comptes (activités non concurrentes avec une activité existante, ponts avec l’industrie dans les moments de tension pour recruter, association ouvrière gestionnaire, …).
Si sa vision est utopique, ses modalités sont déjà autoritaires. « La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l’opulence ne sera plus oppressive. ». La diffusion du texte lui assure un soutien dans les milieux ouvriers notamment. Un journal éphémère s’intitulera même « Le socialisme napoléonien » en 1849.
Le coup d’État, la répression, et le parti de l’ordre de Louis-Napoléon Bonaparte mirent fin à cette parenthèse qualifiée de « rêveries » par ses soutiens les plus conservateurs. Malgré la répression, il demeura toutefois une empreinte sociale dans certaines mesures : soutien aux caisses de secours mutuel, à l’habitat social, mai 1864 fin du caractère délictueux des ententes ouvrières, suppression de l’article 1781 du Code civil qui accordait plus de valeur à la parole du patron qu’au témoignage de l’ouvrier, …
Extinction de la pauvreté, mai 1844, fort de Ham : « Aujourd’hui, le but de tout gouvernement habile doit être de tendre par ses efforts à ce qu’on puisse dire bientôt : le triomphe du christianisme a détruit l’esclavage; le triomphe de la révolution française a détruit le servage; le triomphe des idées démocratiques a détruit le paupérisme ! ».