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Il y a ceux qui veulent éradiquer le chômage de longue durée et ceux qui veulent éradiquer « territoires zéro chômeur de longue durée »

 

Dans la vie, chacun choisit ses combats. 

 

Avec de nombreux acteurs, nous portons le projet « Territoires zéro chômeur de longue durée » qui produit des résultats très positifs dans les dix territoires d’expérimentation. Le bilan intermédiaire du fonds national d’expérimentation le démontre d’ailleurs. http://etcld.fr/wp-content/uploads/2019/09/190926_ETCLD_bilan_LowRes.pdf

Ce sont plus de 850 personnes qui ont été embauchées dans les entreprises créées (EBE). Elles avaient en moyenne une durée de chômage de 54 mois et plus de 20% sont des travailleurs handicapés. 350 personnes ont retrouvé par ailleurs un emploi sans passer par les EBE. Quatre des dix territoires sont déjà quasiment à l’exhaustivité. Nous avons désormais une reconnaissance internationale à travers les premiers résultats de l’expérimentation et la Belgique va également expérimenter le projet.

 

Le Président de la République a affiché clairement son ambition d’étendre le projet à de nouveaux territoires en inscrivant cette extension dans la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté en septembre 2018. Le 1er Mars 2019, il a annoncé lors d’un grand débat organisé à Bordeaux suite au mouvement des gilets jaunes, que 2020 était trop tard pour étendre, et qu’il fallait donc étendre avant. La vidéo est ici : http://www.castillonlabataille.fr/grand-debat-rencontre-president-de-republique/ 

 

Près d’une centaine de territoires sont déjà prêts et attendent, avec les personnes privées d’emploi, la deuxième loi pour se lancer. Ils ont déjà identifié les activités à developer dans les territoires.

 

Mais c’est sans compter sur la langueur instaurée, voire le sabotage orchestré, depuis le Ministère du Travail.

 

L’orchestration s’est jouée en plusieurs actes :

 

Acte 1: Après le changement de Gouvernement, il nous a fallu beaucoup de temps et de relances pour enfin obtenir un rendez-vous avec la Ministre du Travail alors qu’il a été très simple de présenter le projet à la banque mondiale, à l’OCDE, à la Commission européenne ou encore à Harvard auprès des plus grands acteurs internationaux de lutte contre la pauvreté. Le rendez-vous avait été plutôt positif. La Ministre nous a alors annoncé qu’une mission IGAS-IGF rendrait ses conclusions avant l’été 2019. Il faut savoir que la loi que j’ai portée en 2016 prévoit déjà une évaluation d’un conseil scientifique, de la DARES et du fonds national d’expérimentation. Avec la mission spéciale IGAS-IGF, cela fait de l’expérimentation la plus évaluée en France. Les mois passent et la mission est enfin lancée à la fin de l’été 2019. Cette mission est devenue un argument pour repousser l’extension puisqu’on nous répond désormais régulièrement qu’elle n’a pas encore rendu ses conclusions. 

 

Acte 2 : Fin 2018, à la demande de la Commission européenne qui soutient le projet, nous déposons une demande de Fonds social européen (FSE). Nous montons sérieusement le projet. La veille de la commission AVISE, qui étudie les projets en France, je suis prévenu que le Ministère du Travail a mis son veto. Il m’est alors très simple d’expliquer au Ministère qu’il nous sera difficile de dire à la Commission européenne que c’est l’Etat français qui met son veto à un projet de lutte contre le chômage de longue durée pour un dossier européen proposé par l’Europe ... Le veto est finalement levé et nous perdons alors trois mois avant d’obtenir enfin l’accord. 

 

Acte 3 : Les bruits négatifs nous reviennent régulièrement de la part de parlementaires de la majorité sur les discours tenus par des membres du cabinet de la Ministre du Travail. Il y a 209 membres dans le comité de soutien parlementaire à l’extension du projet ce qui fait que nous sommes régulièrement informés. 

 

Acte 4 : Nous avons organisé un rassemblement aux Invalides en juin 2019 avec tous les territoires et les parlementaires pour appeler à la deuxième loi qui permettra l’extension de l’Experimentation. La veille de ce rassemblement, j’ai été contacté par le délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté, Olivier Noblecourt, qui m’indique alors que je vais recevoir une lettre de la Ministre du Travail dans les prochains jours avec un calendrier clair pour la deuxième loi. Les semaines passent et rien n’arrive. Fin août, nouvel appel pour m’indiquer la même chose. Nous sommes fin octobre, pas de son, pas d’image, pas de lettre. 

 

Acte 5 : On commence à avoir de nouveaux bruits négatifs à l’été à chaque fois qu’un acteur de terrain rencontre un haut responsable du ministère du travail. Il faut dire que plus de 200 territoires sont en soutien au projet et que nous avons donc beaucoup de relais pour comprendre ce qui se passe. Cela permet une transparence et d’éviter les doubles discours de certains acteurs publics. 

 

Acte 6 : Je suis auditionné début septembre par la mission IGAS-IGF. Une drôle d’ambiance s’en dégage. J’ai plus l’impression d’être face à des personnes qui ont déjà leur idée en tête que des personnes qui veulent comprendre. On me dresse les conditions d’échecs plutôt que les conditions de réussite. Pourtant les échos de l’évaluation du conseil scientifique sont positive puisque l’équipe avait eu l’occasion d’échanger avec son président lors d’une visite à Mauléon en juillet 2019. 

 

Acte 7 : Les bruits négatifs continuent de nous remonter. On cherche même à nous diviser en faisant courir le bruit que certaines des associations fondatrices ne seraient pas pour l’extension tout de suite. Ces bruits négatifs viennent des mêmes sources comme vous pouvez l’imaginer. Ce qui est bien évidemment totalement faux comme vous pourrez le constater avec le courrier ci-dessous adressé au Président de la République, nous sommes tous alignés sur la même position. 

 

Acte 8 : Le 18 octobre au matin, nous découvrons avec Louis Gallois une tribune torchon de l’économiste Pierre Cahuc dans Les Échos. Il attaque l’expérimentation avec des chiffres faux et laissant penser qu’ils viennent des évaluations. C’est extrêmement choquant car Pierre Cahuc a un devoir de neutralité en tant que membre du conseil d’évaluation scientifique. Il est très proche de certains acteurs du Ministère du Travail pour avoir co-écrit « L’apprentissage » avec Marc Ferracci, « conseiller spécial » de Murielle Pénicaud. Nous avions également rencontré ce conseiller dont l’accueil avait été glacial. 

 

Prochain Acte : Territoires zéro chômeur de longue durée est un combat. Nous allons éradiquer le chômage de longue durée dans les dix territoires et réussiront le passage à l’échelle pendant que d’autres continueront de tenter de nous éradiquer. Le temps fera son œuvre, d’abord parce que les ministres et les cabinets c’est comme le temps, ça change, et pour notre part nous serons toujours là. Ils ont quand même réussi l’exploit de décrédibiliser le processus d’évaluation. Ensuite, la puissance de mobilisation des territoires et des parlementaires finira par l’emporter car la majorité sociale du pays emporte toujours les majorités politiques. Enfin, ce n’est pas quelques apparatchiks faussement érudits qui nous ferons trembler. 

 

Voici quelques éléments qui éclaireront ceux qui ont lu le torchon faussement idéologique de Pierre Cahuc.

 

Lettre collective
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