J’ai fait le rêve d’une gauche qui, consciente de sa responsabilité devant les grands défis du temps, se rassemble dans sa diversité. Une gauche pour qui la République laïque et sociale serait un rempart insubmersible face aux périls qui guettent notre pays dans le contexte de la montée de l’extrême droite et des nouveaux réactionnaires.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, assumant ses divergences, chercherait avant tout le rassemblement autour de ses convergences pour mener les combats destinés à mettre l’humain au cœur des choix.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, capable de tirer les leçons de ses échecs, construirait un projet de transformation économique, social et écologique qui porte une nation, non pas orgueilleuse, mais généreuse.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, clairvoyante quant aux défis à relever, engagerait la réforme de notre modèle social pour mieux protéger, pour mieux dialoguer, pour créer les nouvelles solidarités, pour fédérer les territoires urbains-périurbains et ruraux face à la géographie de la colère.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, protectrice des travailleurs et facilitatrice des entrepreneurs, permettent le rassemblement des forces sociales et économiques pour répondre aux mutations du travail et aux transformations de nos entreprises dans nos territoires. Une gauche qui expérimenterait toutes les idées de bon sens pour faire reculer le fléau du chômage et des exclusions.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, émancipatrice pour notre jeunesse et pour les citoyens, engagerait la bataille éducative et culturelle, remettant l’art, comme impertinence, au cœur des libertés, plaçant le mouvement associatif et le syndicalisme, au centre des transformations pour faire ensemble, pour faire société, pour faire France.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, soucieuse des sécurités, continuerait d’agir pour garantir l’Etat de droit, pour garantir la sécurité de tous ceux qui sont exposés aux insécurités en réformant l’Etat à travers de nouvelles médiations qui créent du lien social.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, tournée vers le monde qui nous entoure, se réapproprie l’internationalisme porteur des droits humains, de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la protection de notre planète, tout simplement d'un internationalisme porteur d’un nouvel humanisme.
J’ai fait le rêve d’une gauche qui, lucide sur le fait que le nouveau technocapitalisme qui porte la guerre comme la nuée porte l’orage, combatte pour la paix face à la résurgence des tribalismes, des régionalismes et des nationalismes. Une gauche qui soit capable de remettre des règles face à la loi de la jungle imposée par la recherche permanente de l'accumulation des rentes. Une gauche qui imposerait des règles de réciprocité dans le commerce international. Une gauche qui fasse de l'Europe le ferment de la solidarité entre les femmes et les hommes et non pas celui des égoïsmes nationaux.
J’ai tout simplement fait le rêve d’une gauche qui sorte de la guerre des égos dans laquelle la Vème République l'enferme. Il n’y a pas de femme ou d’homme providentiel, il n’y a que le combat des idées qui peut fédérer. C'est par là qu'il faut commencer. Réenchanter la politique au sens de la vie de la cité, n'est-ce pas ouvrir le champ des possibles, n'est ce pas comprendre le réel et aller à l'idéal, n'est ce pas tout simplement rallumer tous les soleils comme le disait si bien Jean Jaurès. Le temps est venu du sursaut citoyen car le bruit du tic-tac de l'horloge démocratique devient assourdissant. La colère gronde à mesure car la résignation et l'indifférence se répandent.
J'ai fait le rêve que les femmes et les hommes libres se rassemblent pour relever ces défis si leurs représentants ne sont pas capables de le faire.